Avec pour ambition de promouvoir la collaboration et le partage des connaissances, le Pasteur Network soutient des modules de formation d’excellence, dispensés chaque année. Trois cours, animés par des membres du Pasteur Network, ont récemment mis en lumière certains de ses axes d’action stratégiques, à savoir la veille épidémique et la préparation aux épidémies, la recherche, le développement et l’innovation, la création d’équipes pluridisciplinaires collaboratives et la promotion d’une collaboration équitable.

Un premier cours portant sur la biologie des infections virales émergentes et négligées en Amérique latine (« Biology of emerging and Neglected Viral Infections in Latin America ») s’est tenu du 19 au 28 avril 2023 à l’Institut Pasteur de Montevideo.

Organisé par Nicolas Sarute (Institut Pasteur de Montevideo), Nolwenn Jouvenet (Institut Pasteur, Paris) et Sandra Cordo (UBA, AUGM, Argentine), ce cours a été l’occasion de réunir des chercheurs et professionnels de santé venus de toute l’Amérique latine. Son principal objectif : stimuler la collaboration pluridisciplinaire sur les aspects clés de la biologie des virus négligés et émergents, tout particulièrement à l’égard des pathogènes ayant un impact sur la santé publique. Différents thèmes tels que la recherche fondamentale sur les virus, l’épidémiologie, la surveillance et les stratégies de prévention et de lutte y ont été abordés.

Ce cours portera le nom du professeur Otto Pritsch, un chercheur récemment décédé, qui aura joué un rôle de premier plan dans la consolidation de l’accord signé entre la Délégation régionale de coopération pour l’Amérique du Sud, l’Association des universités du groupe de Montevideo (AUGM), l’Institut Pasteur (Paris) et l’Institut Pasteur de Montevideo.

Consultez le programme sur le site Web de Institut Pasteur de Montevideo

Dans le cadre du projet SARA (Surveillance de l’antibiorésistance en Afrique), un deuxième cours cofinancé par le FSPI du ministère français de l’Europe et des affaires étrangères a été dispensé à l’Institut Pasteur de Dakar du 22 au 26 mai 2023. Ce cours intensif, coordonné par le groupe de Sylvain Brisse (Institut Pasteur) et Yakhya Diye (Institut Pasteur de Dakar), a rassemblé 21 participants de 9 pays d’Afrique. Portant essentiellement sur le séquençage et l’analyse bioinformatique des génomes bactériens, il a notamment permis aux participants de renforcer leur réseau collaboratif et de partager les « bonnes pratiques » dans les domaines de la surveillance de l’antibiorésistance.

Pour en savoir plus sur le cours SARA, lisez l’article publié sur Pasteur.fr.

Enfin, c’est à l’Institut Pasteur Hellénique que s’est tenu, du 26 au 29 juin 2023, le cours immersif sur l’innovation et le transfert de technologie en sciences biologiques et santé publique (« Immersion in Innovation and Technology Transfer in Biological Sciences and Public Health »). Pendant quatre jours, différents experts ont évoqué l’importance du transfert de technologie et de l’innovation dans le développement et la fabrication de produits médicaux innovants.

 Consultez le programme sur le site Web de l’Institut Pasteur Hellénique

En finançant ces cours d’excellence et en les rendant accessibles à un vaste public, le Pasteur Network a pour objectif de stimuler une action collective et le partage de connaissances dans les domaines des maladies infectieuses émergentes et de la résistance antimicrobienne, tout en encourageant l’innovation scientifique.

Pour en savoir plus, consultez les liens suivants :

Cours internationaux

Liste des cours parrainés par le Pasteur Network

Pasteur Network contact : Kathleen VICTOIR kathleen.victoir@pasteur.fr

Le 19 janvier 2022, l’Institut Pasteur de Dakar, membre du Pasteur Network, et la Coalition for Epidemic Preparedness Innovations(CEPI) ont annoncé un partenariat de 10 ans dans lequel CEPI investira jusqu’à 50 millions de dollars. Cette collaboration vise à faire progresser l’accès équitable aux vaccins en Afrique et à contribuer à l’objectif de l’Union africaine de porter à 60 % la part des fabricants africains dans l’approvisionnement en vaccins du continent d’ici 2040.

L’investissement de CEPI viendra compléter celui des autres principaux bailleurs de fonds du projet MADIBA, notamment l’Union européenne, la Banque européenne d’investissement (BEI), l’AFD – Agence française de développement, la Banque islamique de développement (BIsD), la SFI – Société financière internationale, la Société internationale de financement du développement des États-Unis, le gouvernement allemand et le gouvernement du Sénégal.


Pour aller plus loin :
Actualité sur le site CEPI: https://cepi.net/news_cepi/cepi-and-institut-pasteur-de-dakar-announce-10-year-partnership-to-boost-manufacturing-of-affordable-vaccines-for-the-global-south/
Annonce de l’Institut Pasteur de Dakar : https://www.linkedin.com/feed/update/urn:li:activity:7021806481087811584/?updateEntityUrn=urn%3Ali%3Afs_feedUpdate%3A%28V2%2Curn%3Ali%3Aactivity%3A7021806481087811584%29

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En raison de la mondialisation et de la propagation de vecteurs tels que les moustiques, la dengue est un fardeau croissant pour la santé publique dans le monde entier. La détection rapide des espèces vectrices et la prévention de leur établissement peuvent être réalisées grâce à la surveillance des vecteurs. Des scientifiques du Pasteur Network, basés à l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos et l’Institut Pasteur de Madagascar, ont publié un article dans Plos One montrant que le MALDI-TOF MS est un outil prometteur qui pourrait être utilisé pour une surveillance internationale des moustiques vecteurs d’arbovirus.

Un impact pour la santé publique

Le virus de la dengue est transmis aux humains par des moustiques vecteurs. Il provoque généralement des maladies bénignes ou des syndromes pseudo-grippaux. Néanmoins, les infections à répétition sont connues pour leur risque d’engendrer des formes cliniques sévères et potentiellement mortelles, appelée dengue sévère.

Face à la mondialisation, les aires de répartition des moustiques connus pour transmettre le virus de la dengue augmentent et notamment dans les régions non endémiques. L’incidence mondiale de la dengue a été multipliée par 8 au cours des dernières décennies, avec une estimation de 390 millions de personnes infectées par an dans le monde.[1] Le risque de dispersion toujours plus important souligne la nécessité d’améliorer la surveillance des vecteurs afin de détecter rapidement les espèces vectrices introduites et de prévenir leur établissement dans de nouvelles zones. La surveillance repose sur l’identification précise des espèces vectrices. Deux moustiques à distribution mondiale, Aedes aegypti et Aedes albopictus, ce dernier aussi communément appelé moustique tigre, sont les vecteurs les plus connus de cet arbovirus. Cependant, dans la région Pacifique, au moins 9 autres espèces appartenant au groupe Scutellaris sont présentes et sont également des vecteurs confirmés ou potentiels du virus de la dengue.

MALDI-TOF MS pour une surveillance mondiale des moustiques

Les moustiques du groupe Scutellaris sont morphologiquement similaires et les informations préexistantes sur leur génome sont souvent manquantes. Pour identifier les moustiques vecteurs du virus de la dengue, des scientifiques du Pasteur Network ont évalué l’utilisation d’une autre méthode : la spectrométrie de masse de type « Matrix-Assisted Laser Desorption Ionization Time-Of-Flight Mass Spectrometry » (MALDI-TOF MS).  Le MALDI-TOF MS est un outil qui génère des spectres protéiques spécifiques à chaque espèce.

Des moustiques prélevés sur le terrain, appartenant à 8 espèces[2] et provenant de 6 pays du Pacifique, d’Asie et de Madagascar, ont été inclus dans cette étude réalisée par l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, en collaboration avec l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos et l’Institut Pasteur de Madagascar. L’analyse a démontré qu’une base de données MALDI-TOF créée à partir de moustiques de la région Pacifique permettait une identification exacte des espèces de moustiques des autres régions. Cette technique est apparue aussi efficace que la méthode du séquençage de l’ADN pour identifier les espèces de moustiques. En effet, dans la majeure partie des cas, une identification exacte de l’espèce a été obtenue pour les moustiques testés, même pour les espèces morphologiquement et phylogénétiquement proches. En définitive, ces résultats soulignent que la MALDI-TOF MS est un outil prometteur qui pourrait être utilisé pour une surveillance globale des vecteurs d’arbovirus.


Pour aller plus loin :
MALDI-TOF MS: An effective tool for a global surveillance of dengue vector species
Plos One, octobre 2022.
Antsa Rakotonirina*, Morgane Pol, Fara Nantenaina Raharimalala, Valentine Ballan, Malia Kainiu, Sébastien Boyer, Sosiasi Kilama, Sébastien Marcombe, Sylvie Russet, Emilie Barsac, Rama Vineshwaran, Malia Kaleméli Selemago, Vincent Jessop, Geneviève Robic, Romain Girod, Paul T. Brey, Julien Colot, Myrielle Dupont-Rouzeyrol, Vincent Richard, Nicolas Pocquet
*Auteur correspondant.
DOI: https://doi.org/10.1371/journal.pone.0276488


[1] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/dengue-and-severe-dengue

[2] Ae. aegypti, Ae. albopictus, Ae. polynesiensis, Ae. scutellaris, Ae. pseudoscutellaris, Ae. malayensis, Ae. futunae and Culex quinquefasciatus

L’Institut Pasteur de Madagascar en collaboration avec l’Institut Pasteur de Tunis, l’Institut Pasteur à Paris, tous trois membres du Pasteur Network organisent un cours intitulé « Les dimensions sociales des épidémies ». Durant 5 jours, du 17 au 21 avril 2023, à l’Institut Pasteur de Madagascar, les 25 participants pourront renforcer leurs connaissances et capacités en Sciences Humaines et Sociales (SHS). Les chercheurs en SHS du Pasteur Network en Afrique ou impliqué dans le projet Afroscreen qui sont intéressés peuvent candidater jusqu’au 15 janvier 2023.

Ce cours, réalisé avec le soutien des projets Sonar Global et Afroscreen, intervient dans le cadre du processus de renforcement des capacités en Sciences Humaines et Sociales (SHS) au niveau du Pasteur Network et plus largement des instituts de recherche et de santé africains. 25 participants seront sélectionnés parmi les candidats qui auront postulé avant le 15 janvier 2023 en remplissant le Google Form dédié.

Les cours seront dispensés en présentielle pendant 5 jourspar des formateurs de l’Institut de Recherche en Sciences de la Santé de Burkina Faso, du Pôle Sciences Sociales du Centre Régional de recherche et de formation à la prise en charge clinique de Fann à Dakar, Sénégal, du Centre de Recherche et de Formation en Infectiologie de Guinée, de l’Institut Supérieur des Sciences Humaines de Tunis, de l’Institut Pasteur à Paris et de l’Institut Pasteur de Madagascar.

Profils des candidats :
Les chercheurs en SHS anthropologues, sociologues, spécialistes en sciences de l’éducation, de la géographie humaine, historiens et data scientists appliqué à la santé.

Provenance :
Les chercheurs des membres du Pasteur Network en Afrique ou les chercheurs impliqués dans le projet Afroscreen (réseaux IRD, ANRS|MIE).

Prérequis :


Pour aller plus loin:
Espace de candidature : https://forms.gle/sNcAVwcVycHrjLXM9
Article dédié de l’Institut Pasteur de Madagascar : https://www.pasteur.mg/offres/appel-a-candidature-cours-du-pasteur-network-les-dimensions-sociales-des-epidemies-du-17-au-21-avril-2023-lieu-institut-pasteur-de-madagascar/

Le 09 décembre 2022 s’est tenu la Cérémonie des Doctorants de l’Institut Pasteur. Trois diplômés représentaient le Pasteur Network : le Dr Habib pour l’Institut Pasteur de Madagascar, le Dr Lyu pour le Pôle de Recherche Université de Hong Kong – Pasteur et le Dr Modiyinji pour le Centre Pasteur du Cameroun. Après le discours d’introduction de l’invité d’honneur, le Pr Ugur Sahin, professeur d’oncologie translationnelle et d’immunologie à l’Université de Mayence et PDG de BioNTech, tous ont eu quelques minutes pour présenter leur parcours.

Dr Azimdine Habib

Toujours avoir un objectif dans la vie et se donner tous les moyens pour l’atteindre. Ne jamais avoir peur d’un échec mais apprendre de celui-ci pour avancer”

Thèse soutenue

Relation entre composition du microbiote intestinal et infestation parasitaire chez les enfants dans un contexte de malnutrition

Le Dr Azimdine Habib est originaire des iles Comores où il obtient sa licence en Sciences de la Vie en 2012. Son master en Biochimie fondamentale et appliquée, option biochimie, biodiversité et santé l’amène à Madagascar. Il y intègre l’Institut Pasteur de Madagascar au cours de sa deuxième année au laboratoire de bilharziose. En 2016, il y est recruté en tant que technicien de laboratoire dans l’unité de bactériologie expérimentale. Dès 2017, il commence son doctorat sous la direction du Dr Jean-Marc Collard. Sa thèse explore le lien entre la composition du microbiote intestinal et les parasites intestinaux, notamment chez les enfants atteints de malnutrition. Dans le cadre du concours « Ma Thèse en 180 secondes », organisé par l’Institut Pasteur de Madagascar, Azimdine Habib a présenté sa thèse pour un public non scientifique et obtenu la première place de la 2ème édition. Il a ensuite défendu sa thèse en décembre 2021. En octobre 2022, il a rejoint la plateforme technologique BIOMICS de l’Institut Pasteur, également membre du Pasteur Network, en tant qu’ingénieur de recherche où il s’intéresse au séquençage nouvelle génération.


Dr Huibin Lyu

“La pratique est le seul et unique moyen de tester la vérité”

Thèse soutenue

Étude des réactions humorales croisées au SRAS-CoV-2 chez l’homme et la souris

Le Dr Huibin Lyu, Tomas, a démarré son parcours de recherche à l’Université de Technologies de Guangdong en Chine en étudiant les propriétés antibactérienne et antitumorale du curcuma. Cette expérience l’encourage à commencer un second master à l’Université médicale de Guangzhou en virologie et immunologie, plus spécifiquement sur le criblage des anticorps présentant une réaction croisée avec le virus de la grippe.  Grâce à une bourse doctorale du programme Calmette & Yersin, Huibin Lyu rejoint ensuite le Pôle de Recherche de l’Université de Hong Kong – Pasteur, membre du Pasteur Network, pour conduire son doctorat au sein de l’équipe du Pr Roberto Bruzzone et du Dr Chris Mok. Sa thèse s’inscrivait alors dans la poursuite de son master avec pour thématique la réponse des anticorps après la première infection grippale chez le nouveau-né et la spécialisation du système immunitaire chez le modèle murin. Face à la pandémie de la Covid-19, le Dr Lyu a réorienté son sujet sur un autre virus, le SARS-CoV-2 et a contribué à une meilleure compréhension de la réponse immune à ce virus. En septembre 2022, il a soutenu sa thèse sur les réactions croisées du système immunitaire face au SARS-CoV-2 chez l’homme et la souris. Le Dr Lyu est aujourd’hui post-doctorant à l’Université de l’Illinois Urbana-Champaign où il cherche à identifier les signatures des anticorps humains contre différents pathogènes.


Dr Abdou Fatawou Modiyinji

“La Science n’a pas de patrie”

Thèse soutenue

Étude de la prévalence et la caractérisation moléculaire du virus de l’hépatite E dans les populations animales et humaines au Cameroun : Évaluation de la transmission inter-espèces

Le Dr Abdou Fatawou Modiyinji a réalisé ses études à la faculté des Sciences de l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun. En 2012, il y obtient sa licence de Biologie des Organismes Animaux. Il poursuit avec un master en Parasitologie et Écologie qu’il obtient en 2015. Il poursuit ensuite avec un doctorat au Département de Biologie et Physiologie Animales et au Centre Pasteur du Cameroun, membre du Pasteur Network. Première étude du genre au Cameroun, sa thèse a porté sur l’hépatite E chez les populations humaine mais aussi animales dans le pays. En plus de caractériser les génotypes du virus de l’hépatite E chez les humains, elle a mis en lumière une séroprévalence élevée du virus au sien des deux populations suggérant une transmission inter-espèce du virus de l’hépatite E au Cameroun. Auteur de plusieurs publications durant sa thèse, Abdou Fatawou Modiyinji a soutenu cette dernière en juillet 2022. Il étudie maintenant les entérovirus en tant que chercheur post-doctorant au Centre Pasteur du Cameroun.

Durant l’Annual Meeting du Pasteur Network du 28 au 30 novembre 2022 à Rome, le Dr Norosoa Razanajatovo, de l’Institut Pasteur de Madagascar a reçu le prix Pasteur Network Talent Award 2022[1] délivré par le Directeur Général de l’Institut Pasteur, Stewart Cole.

Le Dr Norosoa Razanajatovo intègre en 2013 le Centre National de Référence pour la Grippe (CNRG) de l’unité de virologie de l’Institut Pasteur de Madagascar en tant qu’ingénieur de recherche. Elle a obtenu son diplôme de doctorat en Sciences, option de biochimie appliquée aux sciences médicales, en 2015. Son travail de thèse, effectué sous la direction du Dr Jean-Michel Héraud et qui portait sur l’identification et caractérisation moléculaire des virus respiratoires circulant à Madagascar, a contribué à mettre en place une meilleure stratégie de prévention contre les maladies respiratoires. Norosoa Razanajatovo a notamment joué un rôle moteur pour la mise en œuvre du programme de développement de la surveillance nationale de la grippe en collaboration avec les ministères de la Santé Publique et de l’Élevage malgaches.

Dès 2016, elle devient responsable technique et chef adjoint du Centre National de la Grippe. La même année, elle est également nommée conseiller technique de l’OMS. Au fil des années, elle a acquis une solide expérience dans la surveillance de la circulation des virus respiratoires par la gestion de diverses épidémies telles que la grippe H1N1, ou plus récemment, la Covid-19. En 2022, elle est promue au grade de Chargé de Recherche. Elle assure la coordination de la surveillance en laboratoire des infections respiratoires virales mais également des programmes de recherche associés.

« Un bon système de surveillance est important pour maîtriser une épidémie, mais une stratégie de recherche efficace et à jour est la clé de voûte pour y parvenir. »

Le travail du Dr Razanajatovo porte sur l’identification des virus responsables des infections respiratoires aigües, l’identification des caractères saisonniers des virus respiratoires communs, le développement d’outils de diagnostic prédictifs et la biologie moléculaire des virus humains et zoonotiques.

 Elle s’intéresse actuellement à la dynamique d’introduction et de diffusion des virus respiratoires ayant un intérêt en santé humaine et animale pour le pays et, plus largement au niveau mondial. En parallèle, le Dr Norosoa Razanajatovo s’investit pleinement dans la transmission de ses connaissances par la supervision de différents étudiants, par la tenue d’ateliers de formation pour les laboratoires locaux mais aussi régionaux ou encore par la formation du personnel d’institutions régionales. Au regard de son engagement et de sa carrière, elle a reçu le Pasteur Network Talent Award 2022 lors de l’Annual Meeting le 28 novembre 2022 à Rome.


Pour aller plus loin :
Article de l’Institut Pasteur de Madagascar : https://www.pasteur.mg/dr-norosoa-harline-razanajatovo-laureate-du-prix-pasteur-network-talent-award-2022/


[1] Le Pasteur Network Talent Award récompense chaque année un ou deux chercheurs du Pasteur Network, futurs leaders du réseau de demain.

Suite à la récente flambée épidémique de monkeypox, des chercheurs du Pasteur Network et de l’ANRS | Maladies infectieuses émergentes signent un portrait complet de la maladie dans le New England Journal of Medicine. L’occasion de revenir sur les signes de la maladie, son origine mais aussi sur les projets la concernant au sein du Pasteur Network tel AFRIPOX porté par l’Institut Pasteur et en collaboration avec l’Institut Pasteur de Bangui.

Toutes les informations sur cette publication sont à lire dans l’article dédié sur le site de l’Institut Pasteur.


Pour aller plus loin :
Article de l’Institut Pasteur : Variole du singe / MonkeyPox : un « portrait-robot » de la maladie
Review article: Monkeypox
New England Journal of Medicine, 26 octobre 2022.
Antoine Gessain, M.D., Emmanuel Nakoune, Ph.D., and Yazdan Yazdanpanah, M.D.
DOI: 10.1056/NEJMra2208860

Lors d’une épidémie, il peut arriver qu’aucun test diagnostique ne soit parfaitement adapté au pathogène. Pour endiguer le plus rapidement possible l’épidémie, le dépistage se fait alors en utilisant plusieurs tests. L’interprétation des résultats des différents tests devient alors plus complexe, ce qui peut rendre le diagnostic individuel difficile et conduire à une mésestimation de la prévalence de la maladie. En prenant pour étude de cas l’épidémie de peste ayant touché Madagascar en 2017, des chercheurs de l’Institut Pasteur et de l’Institut Pasteur de Madagascar proposent un cadre analytique afin de caractériser la performance des différents tests et d’estimer la prévalence réelle de l’épidémie. Publiés dans la revue Plos Biology, ces résultats permettront d’améliorer la qualité du diagnostic lors de futures épidémies.

Entre août et novembre 2017, 2.414 cas cliniquement suspectés comme porteurs de Yersinia pestis, le bacille de la peste, ont été notifiés, avec une grande proportion de peste pulmonaire. Les échantillons ont alors été analysés à l’aide de trois types de tests de diagnostic : la culture bactérienne, le test rapide de détection de la peste et la biologie moléculaire ou qPCR. D’importants écarts ont été observés entre les différents tests, rendant l’interprétation des résultats complexe. La plus forte incertitude portait sur l’étendue de l’épidémie de peste pulmonaire, les cas positifs variant de 1 % à 18 %. Le cadre analytique utilisé dans cette étude a permis d’estimer que 7 à 15% des cas suspects était porteurs de Yersinia pestis pour cette épidémie.

Estimer les performances d’un test diagnostique

Deux paramètres, la spécificité et la sensibilité, déterminent la performance d’un test. La spécificité est la probabilité d’être dépisté négatif lorsque que l’on n’est pas infecté tandis que la sensibilité est la probabilité d’être diagnostiqué positif lorsque l’on est bien infecté. Lorsqu’il existe un test de référence avec une sensibilité et une spécificité parfaite, il est facile d’estimer la sensibilité et la spécificité d’autres tests en les comparant à ce dernier. En l’absence de test de référence, comme ce fut le cas pour cette épidémie de peste, les auteurs ont dû estimer les performances de chaque test puis la prévalence de l’épidémie. Pour cela, il ont utilisé la méthode dite des classes latentes qui s’appuie sur la comparaison des résultats de différents tests imparfaits. Cette analyse a révélé que la biologie moléculaire avait les meilleurs performances ; et que le test rapide de détection avait une spécificité limitée durant l’épidémie de peste de 2017. Ses performances étaient meilleures l’année suivante, en 2018, suggérant que le contexte de réponse à une grande épidémie peut impacter la qualité du diagnostic.

Combiner les résultats pour reconstruire une épidémie

Une fois connues les performances des différents tests, les chercheurs ont déterminé comment améliorer les algorithmes de classification des cas pour minimiser les risques de faux-positifs et faux-négatifs. Ils ont aussi pu reconstruire, de façon plus fine, les tendances épidémiologiques de l’épidémie dans l’espace et le temps. Une meilleure classification des cas est particulièrement importante pour l’allocation de ressources rares, par exemple en ciblant avec précision les efforts de recherche des contacts là où l’incidence est la plus forte.   Cela évite de déployer des ressources en cas de faux-positifs et  optimise l’impact des installations de test mobiles.

Si le développement et la disponibilité de diagnostics de haute qualité restent une priorité, ce cadre analytique pourrait être un outil précieux pour réduire les incertitudes face à d’autres maladies infectieuses ne disposant pas de diagnostic de référence. Il est notamment déjà utilisé par l’Institut Pasteur de Madagascar pour diagnostiquer les cas de tuberculose.


Pour aller plus loin :
Evaluating and optimizing the use of diagnostics during epidemics: Application to the 2017 plague outbreak in Madagascar
Plos Biology, 15 août 2022.
Quirine ten Bosch†*, Voahangy Andrianaivoarimanana, Beza Ramasindrazana, Guillain Mikaty, Rado JL Rakotonanahary, Birgit Nikolay, Soloandry Rahajandraibe, Maxence Feher, Quentin Grassin, Juliette Paireau, Soanandrasana Rahelinirina, Rindra Randremanana, Feno Rakotoarimanana, Marie Melocco,Voahangy Rasolofo, Javier Pizarro-Cerda, Anne-Sophie Le Guern, Eric Bertherat, Maherisoa Ratsitorahina, André Spiegel, Laurence Baril, Minoarisoa Rajerison, Simon Cauchemez
† Ces auteurs ont contribué à parts égales à ce travail.
* Auteur correspondant.
https://doi.org/10.1371/journal.pbio.3001736

Une étude conduite dans le cadre du projet Afriobiota qui implique plusieurs membres du Pasteur Network, en collaboration avec l’Université de Lausanne, décrypte le lien entre l’écosystème intestinal et les retards de croissance qui affectent les enfants dénutris. Les résultats de ces travaux ayant inclus près de 1000 enfants âgés de 2 à 5 ans entre 2016 et 2018 sont publiés dans la revue PNAS.

Chez les enfants, la dénutrition – c’est-à-dire la consommation et/ou l’assimilation insuffisante de nourriture pour couvrir les besoins de l’organisme – se manifeste principalement par des retards de croissance. Ces derniers toucheraient, selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, 22% des moins de 5 ans à l’échelle mondiale (estimation pour l’année 2020).

Cette étude s’intéresse au rôle des communautés microbiennes intestinales (microbiote) dans la dénutrition. Conduite au sein du Pasteur Network, cette recherche a été coordonnée par le Pr Philippe Sansonetti, et menée pendant six ans par l’Institut Pasteur en collaboration avec l’Institut Pasteur de Madagascar et l’Institut Pasteur de Bangui dans le cadre du projet Afriobiota soutenu par la Fondation Total. Les travaux, réalisés à Madagascar et en République centrafricaine auprès de 1000 enfants âgés de 2 à 5 ans, ont mis en évidence que plus de 80% des sujets avec un retard de croissance présentent une pullulation bactérienne anormale dans l’intestin grêle (small intestinal bacterial overgrowth, SIBO). Il s’agit plus spécifiquement de bactéries initialement présentes dans la bouche qui prolifèrent dans l’intestin grêle. À l’aide de modèles expérimentaux (des cultures de cellules et des souris), les chercheurs ont montré que ce phénomène freine l’assimilation des lipides. Cette malabsorption des graisses pourrait en partie expliquer le retard de croissance dont souffrent les enfants.


Pour aller plus loin :
Stunted children display ectopic small intestinal colonization by oral bacteria, which cause lipid malabsorption in experimental models
PNAS, 05 octobre 2022.
Pascale Vonaesch*, João R. Araújo, Jean-Chrysostome Gody, Jean-Robert Mbecko, Hugues Sanke, Lova Andrianonimiadana, Tanteliniaina Naharimanananirina, Synthia Nazita Ningatoloum, Sonia Sandrine Vondo, Privat Bolmbaye Gondje, Andre Rodriguez-Pozo, Maheninasy Rakotondrainipiana, Kaleb Jephté Estimé Kandou, Alison Nestoret, Nathalie Kapel, Serge Ghislain Djorie, B. Brett Finlay, Laura Wegener Parfrey, Jean-Marc Collard, Rindra Vatosoa Randremanana, Philippe J. Sansonetti* and The Afribiota Investigators
* Auteurs correspondants.
https://doi.org/10.1073/pnas.2209589119
Flash Recherche de l’Université de Lausanne

Le virus du monkeypox (MPXV) est un pathogène tropical négligé dont l’émergence récente a accéléré l’étude. Dans ce contexte, les chercheurs du Pasteur Network ont mis au point des tests de diagnostic rapide du MPXV qui peuvent être visualisés à l’œil nu en moins de 30 minutes, et qui sont aussi cohérents que le test d’acide nucléique basé sur la PCR actuellement utilisé pour le diagnostic du MPXV. Ce nouvel outil de diagnostic contribuera au contrôle et à la prévention des épidémies de MPXV.

En mai 2022, des épidémies de virus du monkeypox (MPXV) ont été signalées simultanément en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, en dehors des régions d’endémie du virus en Afrique. Les chercheurs du Pasteur Network ont collaboré pour développer et valider des tests de détection rapide du MPXV. Ces tests nouvellement conçus peuvent produire des résultats fiables par fluorescence ou par flux latéral sur une bandelette en 20 à 30 minutes. Menée par les équipes d’Emmanuel Nakouné (Institut Pasteur de Bangui) et de Nicolas Berthet et Gary Wong (Institut Pasteur de Shanghai), l’étude présentant les résultats de ces tests de diagnostic rapide a été publiée dans la revue Viruses.

Les tests sont basés sur l’amplification isotherme d’une région ciblée du génome du virus, et sont basés sur la recombinase avec ou sans CRISPR/Cas12. Les tests ont donné des résultats cohérents avec le test moléculaire de référence, la PCR en temps réel, pour les 19 échantillons cliniques utilisés pour valider le test. En outre, les tests étaient spécifiques et ne présentaient pas de réaction croisée avec d’autres poxvirus, tels que le virus de la vaccine.

Le MPXV, un pathogène tropical négligé, est étroitement lié à la variole, une maladie qui a été éradiquée chez l’homme depuis les années 1980. Bien que des épidémies de MPXV soient régulièrement signalées en Afrique parmi les communautés les plus pauvres, la maladie reste peu étudiée, même après que la première épidémie de MPXV a été signalée en dehors de la zone d’endémie aux États-Unis en 2003. La détection rapide, sensible et spécifique du MPXV est essentielle pour informer les autorités sanitaires des cas suspects le plus rapidement possible, afin de suivre l’évolution des épidémies. Ces résultats fournissent donc une plateforme de point de soins pour le diagnostic précoce des cas potentiels de MPXV, et contribueront à la prévention et au contrôle des épidémies actuelles et futures de MPXV.


Pour aller plus loin :
Article de l’Institut Pasteur de Bangui
Développement et caractérisation de tests d’amplification isothermes basés sur la recombinase (RPA/RAA) pour la détection rapide du virus Monkeypox
Viruses, Septembre 2022.
Lingjing Mao, Jiaxu Ying, Benjamin Selekon, Ella Gonofio, Xiaoxia Wang, Emmanuel Nakoune, Gary Wong*, Nicolas Berthet*
* Auteurs correspondants.
https://doi.org/10.3390/v14102112.