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A*STAR ID Labs – l’Agence singapourienne pour la science, la technologie et la recherche – Infectious Diseases Labs – et l’Institut Pasteur ont organisé conjointement un symposium impliquant le Pasteur Network.

Une délégation singapourienne d’A*STAR ID Labs était présente sur le campus de l’Institut Pasteur les 5 et 6 octobre 2023, dont la directrice exécutive d’A*STAR ID Labs, Prof Lisa Ng, et la directrice adjointe d’A*STAR ID Labs, Ms Amanda Loo. Lors de la séance d’ouverture, Son Excellence Mme FOO Teow Lee, Ambassadrice de Singapour en France, a réaffirmé la volonté de Singapour de favoriser les collaborations de recherche avec la France, et s’est félicitée du renforcement des liens entre A*STAR ID Labs et l’Institut Pasteur.

Un dialogue entre A*STAR et le Pasteur Network a été lancé grâce à la participation d’intervenants du réseau provenant de l’Institut Pasteur, de l’Institut Pasteur de Lille, de l’Institut Pasteur Corée, de l’Institut Pasteur du Cambodge et de l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie. Le Dr Rebecca F. Grais, directeur exécutive du Pasteur Network, a prononcé un discours d’ouverture sur le Pasteur Network, qui dispose d’un vaste réseau de recherche, de santé publique et d’épidémiologie.

Les présentations scientifiques se sont articulées autour de trois grands domaines de recherche : les maladies respiratoires, les maladies à transmission vectorielle et la résistance antimicrobienne. Ces domaines de recherche constituent des priorités scientifiques pour les laboratoires A*STAR ID et l’Institut Pasteur, ainsi que pour le Pasteur Network.

La première session a donné aux participants un aperçu des recherches en cours sur la tuberculose au sein du Pasteur Network et de l’Institut Pasteur, ainsi que sur la préparation aux épidémies au sein des laboratoires A*STAR ID. La deuxième session s’est concentrée sur les maladies à transmission vectorielle avec un large éventail de sujets abordés, tels que les interactions moustique-virus, la recherche sur les trypanosomes, et la dynamique virale-neuro-immune dans les infections à arbovirus, entre autres. La dernière session du symposium a présenté les dernières recherches sur la résistance aux antimicrobiens menées dans les laboratoires A*STAR ID, notamment sur la thérapie par les phages, à l’Institut Pasteur, par exemple sur le développement de nouveaux antibiotiques, et au sein du réseau Pasteur, sur la lutte en cours contre la résistance aux antibiotiques.

Environ cinquante pasteuriens ont participé aux sessions du symposium. Les présentations des orateurs ainsi que des moments d’échanges ont permis aux participants de discuter de futurs projets de recherche et de collaborations.

Discours de clôture du Prof. Stewart Cole

À propos de A*Star / ID Labs

Fondé en avril 2021 au sein de A*STAR (Agency for Science, Technology And Research), la principale agence publique singapourienne pour la R&D, ID Labs rassemble des chercheurs multidisciplinaires du monde entier œuvrant à l’obtention d’avancées en matière de préparation et de défense contre les menaces de maladies infectieuses émergentes, une vision partagée par l’Institut Pasteur et le Pasteur Network.

À propos du Pasteur Network

Vaste communauté humaine et scientifique, le Pasteur Network rassemble plus de 30 membres établis dans une vingtaine de pays qui contribuent ensemble à l’amélioration de la santé mondiale. Le réseau, au cœur de zones endémiques, dispose d’un accès privilégié à de très nombreux pathogènes qu’il surveille et étudie sur les 5 continents. Cette exceptionnelle diversité fait du Pasteur Network un acteur mondial unique de la santé publique, de la science, de l’innovation et de la formation, en particulier dans la lutte contre les maladies infectieuses.

Un travail collaboratif entre l’Institut Pasteur du Cambodge et l’Institut Pasteur du Laos, deux membres du Pasteur Network, avec l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD) et le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) démontre les futurs impacts sur la santé publique du réchauffement climatique induit par l’homme. L’étude met en avant la menace qu’est l’augmentation majeure de la densité des moustiques, connus pour être les potentiels vecteurs d’un grand nombre de maladies infectieuses en Asie du Sud-Est. Réalisée dans le cadre du projet Ecomore 2, cette étude a été publiée dans Environmental Health Perspective.

La dengue est une maladie infectieuse émergente, transmise par les moustiques, qui touche de plus en plus de personnes dans le monde. Aedes aegypti et Aedes albopictus, les vecteurs de la dengue, sont de plus en plus susceptibles de se développer en raison du changement climatique. Les populations humaines pourraient être de plus en plus exposées à d’éventuelles épidémies. En Asie du Sud-Est, où la dengue est endémique, des données sur ces moustiques ont été recueillies par les unités d’entomologie de l’Institut Pasteur du Cambodge et de l’Institut Pasteur du Laos, tous deux membres du Pasteur Network.

Réalisée dans le cadre d’Ecomore 2 et d’autres projets, cette étude s’appuie sur les données collectées par Sébastien Marcombe de l’Institut Pasteur du Laos et par Sébastien Boyer de l’Institut Pasteur du Cambodge, ainsi que sur d’autres données bibliographiques sur la présence de ces deux espèces en Asie du Sud-Est. 

Les données sur la présence, la saisonnalité et la dynamique d’Ae. aegypti & Ae. albopictus ont été analysées en fonction de l’utilisation des terres, de la topographie et du climat. Deux unités de recherche de l’IRD ont mené la modélisation mathématique et les analyses spatiales, d’abord pour modéliser leur distribution dans la région et, ensuite, pour évaluer l’impact des scénarios climatiques prospectifs (neuf modèles climatiques CMIP6) sur leur distribution future. Les résultats montrent que, d’ici la fin du siècle, les densités les densités d’Ae. aegypti et d’Ae. albopictus augmenteront respectivement jusqu’à 46 % et 25 % en Asie du Sud-Est en raison des croissances de température prévues. De plus, il est peu probable que les mesures d’atténuation du climat puissent modérer cette expansion de manière significative.

Les cartes résultant de ces modèles sont disponibles sur la plateforme climatique et libre d’accès d’Ecomore II. Les utilisateurs de la plateforme peuvent observer l’impact de différents modèles et scénarios de changement climatique sur l’évolution de la répartition des populations d’Aedes. Ces résultats apportent des preuves supplémentaires que les changements climatiques induits par l’homme auront un impact sur les écosystèmes et la santé publique.


Pour aller plus loin :
Predicting the Effects of Climate Change on Dengue Vector Densities in Southeast Asia through Process-Based Modeling
Environmental Health Perspective, décembre 2022.
Lucas Bonnin*, Annelise Tran, Vincent Herbreteau, Sébastien Marcombe, Sébastien Boyer, Morgan Mangeas, and Christophe Menkes.
*Auteur correspondant.
https://doi.org/10.1289/EHP11068
Site internet d’Ecomore : https://ecomore.org/2023/02/02/the-evolution-of-dengue-vectors-densities-faced-with-climate-change-in-south-east-asia/

Leo Lit Man Poon, du Pôle de Recherche Université Hong Kong -Pasteur, membre du Pasteur Network, a reçu le Pasteur Network LP200 Prize, un prix spécial pour commémorer le 200e anniversaire de la naissance de Louis Pasteur et décerné lors d’une cérémonie organisée par l’Institut Pasteur (Paris) le jeudi 26 janvier 2023. Ce prix fait partie d’un ensemble de 5 prix décernés par l’Institut Pasteur dans le cadre du bicentenaire et avec le support de la Fondation Carlsberg pour un total de 200.00€

Pour célébrer le bicentenaire de la naissance de Louis Pasteur, une série de cinq prestigieux prix scientifiques a été créé par l’Institut Pasteur en 2022. Ces prix récompensent des réalisations qui traduisent l’esprit Pasteur dans les domaines de la recherche biomédicale, de la santé publique ou de l’innovation. Parmi eux, un prix a été dédié au Pasteur Network : le Pasteur Network LP200 Prize.

Le jury international présidé par Pascale Cossart, professeur à l’Institut Pasteur et secrétaire perpétuel honoraire de l’Académie des sciences, avec le prix Nobel de physiologie ou médecine Françoise Barré-Sinoussi (2008) et le prix Nobel de chimie Emmanuelle Charpentier (2020), a choisi Leo Lit Man Poon comme lauréat. Il a reçu le prix des mains de Françoise Barré-Sinoussi.

« Ce prix reconnaît les contributions essentielles du Pr Poon en matière de préparation, de recherche, de collaborations et d’engagement au sein du Pasteur Network, notamment durant la pandémie de Covid-19. Le Pr. Poon incarne la vision de Louis Pasteur d’une science sans frontières. ».

Rebecca F Grais, Directrice exécutive du Pasteur Network.

Leo Poon est professeur à l’École de santé publique de la Faculté de médecine Li Ka Shing de l’Université de Hong Kong, ainsi que codirecteur du Pôle de recherche HKU-Pasteur, membre du Pasteur Network. Il est virologue et chercheur en santé publique et se consacre à l’étude des virus émergents tels que les virus de la grippe et les coronavirus.

Jusqu’à présent, il a publié environ 300 articles évalués par des pairs, avec un H-index de 93. Depuis 2005, Leo figure dans le Top 1 % des scientifiques les plus cités et depuis 2015 parmi les chercheurs le plus hautement cité. En 2022, Leo a été nommé parmi les 1 000 meilleurs scientifiques par research.com.

Parallèlement, Leo Poon est expert dans différents groupes de travail d’organisations internationales, telles que l’OMS, la WOAH (ex-OIE) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), pour le contrôle des maladies infectieuses émergentes.

« Il y a tellement de personnes formidables qui travaillent ensemble pour combattre les maladies infectieuses. C’est un honneur pour moi de travailler avec eux pour améliorer la santé publique. Deux siècles plus tard, l’esprit de Louis Pasteur est toujours aussi contagieux. »

Leo Lit Man Poon, co-directeur du pôle de recherche HKU-Pasteur, membre du Pasteur Network.

Outre le Pasteur Network Louis Pasteur Bicentenary, cette série a récompensé un scientifique senior de l’Institut Pasteur, Arnaud Fontanet, un scientifique junior de l’Institut Pasteur, Mélanie Anne Hamon, et deux anciens de l’Institut Pasteur, Bruno Canard et Serge Mostowy, respectivement avec le Senior Alumni Louis Pasteur Bicentenary  Prize et le Junior Alumni Louis Pasteur Bicentenary  Prize.


Pour aller plus loin :
Lisez la biographie de Leo Poon sur le site du Pôle de recherche HKU-Pasteur : https://www.hkupasteur.hku.hk/copy-of-poon-lab
Lisez l’actualité de Pôle de Recherche Université de Honk Kong – Pasteur : https://www.hkupasteur.hku.hk/post/the-pasteur-network-lp200-prize-awarded-to-leo-poon
Lisez l’actualité de l’Institut Pasteur : https://www.pasteur.fr/fr/journal-recherche/actualites/prix-du-bicentenaire-louis-pasteur-cinq-scientifiques-recompenses
Écoutez le podcast (Nature Biotechnology): https://bioengineeringcommunity.nature.com/posts/podcast-creative-grit-episode-2

Trois nouveaux directeurs ont récemment pris leur fonction au sein du réseau.

Au Canada, David Chatenet a pris la direction du Centre Armand-Frappier Santé Biotechnologies de l’Institut National de Recherche Scientifique (INRS). 

Au Brésil, à la suite de la nomination de Nísia Trindade Lima à la tête du ministère de la santé, Mario Moreira, ancien directeur exécutif est devenu Président par intérim de la Fiocruz.

En Corée, Youngmee Jee, a été nommée nouveau chef pour l’Agence coréenne de contrôle et de prévention des maladies (KDCA). C’est l’ancien Directeur administratif exécutif, Byungkwon Lim, qui a repris le poste de CEO de l’Institut Pasteur de Corée.

En constante évolution, Pasteur Network propose régulièrement de nouveaux postes au sein de ses membres. Les offres d’emploi du réseau sont disponibles et consultables sur la page carrière.

En raison de la mondialisation et de la propagation de vecteurs tels que les moustiques, la dengue est un fardeau croissant pour la santé publique dans le monde entier. La détection rapide des espèces vectrices et la prévention de leur établissement peuvent être réalisées grâce à la surveillance des vecteurs. Des scientifiques du Pasteur Network, basés à l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos et l’Institut Pasteur de Madagascar, ont publié un article dans Plos One montrant que le MALDI-TOF MS est un outil prometteur qui pourrait être utilisé pour une surveillance internationale des moustiques vecteurs d’arbovirus.

Un impact pour la santé publique

Le virus de la dengue est transmis aux humains par des moustiques vecteurs. Il provoque généralement des maladies bénignes ou des syndromes pseudo-grippaux. Néanmoins, les infections à répétition sont connues pour leur risque d’engendrer des formes cliniques sévères et potentiellement mortelles, appelée dengue sévère.

Face à la mondialisation, les aires de répartition des moustiques connus pour transmettre le virus de la dengue augmentent et notamment dans les régions non endémiques. L’incidence mondiale de la dengue a été multipliée par 8 au cours des dernières décennies, avec une estimation de 390 millions de personnes infectées par an dans le monde.[1] Le risque de dispersion toujours plus important souligne la nécessité d’améliorer la surveillance des vecteurs afin de détecter rapidement les espèces vectrices introduites et de prévenir leur établissement dans de nouvelles zones. La surveillance repose sur l’identification précise des espèces vectrices. Deux moustiques à distribution mondiale, Aedes aegypti et Aedes albopictus, ce dernier aussi communément appelé moustique tigre, sont les vecteurs les plus connus de cet arbovirus. Cependant, dans la région Pacifique, au moins 9 autres espèces appartenant au groupe Scutellaris sont présentes et sont également des vecteurs confirmés ou potentiels du virus de la dengue.

MALDI-TOF MS pour une surveillance mondiale des moustiques

Les moustiques du groupe Scutellaris sont morphologiquement similaires et les informations préexistantes sur leur génome sont souvent manquantes. Pour identifier les moustiques vecteurs du virus de la dengue, des scientifiques du Pasteur Network ont évalué l’utilisation d’une autre méthode : la spectrométrie de masse de type « Matrix-Assisted Laser Desorption Ionization Time-Of-Flight Mass Spectrometry » (MALDI-TOF MS).  Le MALDI-TOF MS est un outil qui génère des spectres protéiques spécifiques à chaque espèce.

Des moustiques prélevés sur le terrain, appartenant à 8 espèces[2] et provenant de 6 pays du Pacifique, d’Asie et de Madagascar, ont été inclus dans cette étude réalisée par l’Institut Pasteur de Nouvelle-Calédonie, en collaboration avec l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos et l’Institut Pasteur de Madagascar. L’analyse a démontré qu’une base de données MALDI-TOF créée à partir de moustiques de la région Pacifique permettait une identification exacte des espèces de moustiques des autres régions. Cette technique est apparue aussi efficace que la méthode du séquençage de l’ADN pour identifier les espèces de moustiques. En effet, dans la majeure partie des cas, une identification exacte de l’espèce a été obtenue pour les moustiques testés, même pour les espèces morphologiquement et phylogénétiquement proches. En définitive, ces résultats soulignent que la MALDI-TOF MS est un outil prometteur qui pourrait être utilisé pour une surveillance globale des vecteurs d’arbovirus.


Pour aller plus loin :
MALDI-TOF MS: An effective tool for a global surveillance of dengue vector species
Plos One, octobre 2022.
Antsa Rakotonirina*, Morgane Pol, Fara Nantenaina Raharimalala, Valentine Ballan, Malia Kainiu, Sébastien Boyer, Sosiasi Kilama, Sébastien Marcombe, Sylvie Russet, Emilie Barsac, Rama Vineshwaran, Malia Kaleméli Selemago, Vincent Jessop, Geneviève Robic, Romain Girod, Paul T. Brey, Julien Colot, Myrielle Dupont-Rouzeyrol, Vincent Richard, Nicolas Pocquet
*Auteur correspondant.
DOI: https://doi.org/10.1371/journal.pone.0276488


[1] https://www.who.int/news-room/fact-sheets/detail/dengue-and-severe-dengue

[2] Ae. aegypti, Ae. albopictus, Ae. polynesiensis, Ae. scutellaris, Ae. pseudoscutellaris, Ae. malayensis, Ae. futunae and Culex quinquefasciatus

Le 09 décembre 2022 s’est tenu la Cérémonie des Doctorants de l’Institut Pasteur. Trois diplômés représentaient le Pasteur Network : le Dr Habib pour l’Institut Pasteur de Madagascar, le Dr Lyu pour le Pôle de Recherche Université de Hong Kong – Pasteur et le Dr Modiyinji pour le Centre Pasteur du Cameroun. Après le discours d’introduction de l’invité d’honneur, le Pr Ugur Sahin, professeur d’oncologie translationnelle et d’immunologie à l’Université de Mayence et PDG de BioNTech, tous ont eu quelques minutes pour présenter leur parcours.

Dr Azimdine Habib

Toujours avoir un objectif dans la vie et se donner tous les moyens pour l’atteindre. Ne jamais avoir peur d’un échec mais apprendre de celui-ci pour avancer”

Thèse soutenue

Relation entre composition du microbiote intestinal et infestation parasitaire chez les enfants dans un contexte de malnutrition

Le Dr Azimdine Habib est originaire des iles Comores où il obtient sa licence en Sciences de la Vie en 2012. Son master en Biochimie fondamentale et appliquée, option biochimie, biodiversité et santé l’amène à Madagascar. Il y intègre l’Institut Pasteur de Madagascar au cours de sa deuxième année au laboratoire de bilharziose. En 2016, il y est recruté en tant que technicien de laboratoire dans l’unité de bactériologie expérimentale. Dès 2017, il commence son doctorat sous la direction du Dr Jean-Marc Collard. Sa thèse explore le lien entre la composition du microbiote intestinal et les parasites intestinaux, notamment chez les enfants atteints de malnutrition. Dans le cadre du concours « Ma Thèse en 180 secondes », organisé par l’Institut Pasteur de Madagascar, Azimdine Habib a présenté sa thèse pour un public non scientifique et obtenu la première place de la 2ème édition. Il a ensuite défendu sa thèse en décembre 2021. En octobre 2022, il a rejoint la plateforme technologique BIOMICS de l’Institut Pasteur, également membre du Pasteur Network, en tant qu’ingénieur de recherche où il s’intéresse au séquençage nouvelle génération.


Dr Huibin Lyu

“La pratique est le seul et unique moyen de tester la vérité”

Thèse soutenue

Étude des réactions humorales croisées au SRAS-CoV-2 chez l’homme et la souris

Le Dr Huibin Lyu, Tomas, a démarré son parcours de recherche à l’Université de Technologies de Guangdong en Chine en étudiant les propriétés antibactérienne et antitumorale du curcuma. Cette expérience l’encourage à commencer un second master à l’Université médicale de Guangzhou en virologie et immunologie, plus spécifiquement sur le criblage des anticorps présentant une réaction croisée avec le virus de la grippe.  Grâce à une bourse doctorale du programme Calmette & Yersin, Huibin Lyu rejoint ensuite le Pôle de Recherche de l’Université de Hong Kong – Pasteur, membre du Pasteur Network, pour conduire son doctorat au sein de l’équipe du Pr Roberto Bruzzone et du Dr Chris Mok. Sa thèse s’inscrivait alors dans la poursuite de son master avec pour thématique la réponse des anticorps après la première infection grippale chez le nouveau-né et la spécialisation du système immunitaire chez le modèle murin. Face à la pandémie de la Covid-19, le Dr Lyu a réorienté son sujet sur un autre virus, le SARS-CoV-2 et a contribué à une meilleure compréhension de la réponse immune à ce virus. En septembre 2022, il a soutenu sa thèse sur les réactions croisées du système immunitaire face au SARS-CoV-2 chez l’homme et la souris. Le Dr Lyu est aujourd’hui post-doctorant à l’Université de l’Illinois Urbana-Champaign où il cherche à identifier les signatures des anticorps humains contre différents pathogènes.


Dr Abdou Fatawou Modiyinji

“La Science n’a pas de patrie”

Thèse soutenue

Étude de la prévalence et la caractérisation moléculaire du virus de l’hépatite E dans les populations animales et humaines au Cameroun : Évaluation de la transmission inter-espèces

Le Dr Abdou Fatawou Modiyinji a réalisé ses études à la faculté des Sciences de l’Université de Yaoundé 1 au Cameroun. En 2012, il y obtient sa licence de Biologie des Organismes Animaux. Il poursuit avec un master en Parasitologie et Écologie qu’il obtient en 2015. Il poursuit ensuite avec un doctorat au Département de Biologie et Physiologie Animales et au Centre Pasteur du Cameroun, membre du Pasteur Network. Première étude du genre au Cameroun, sa thèse a porté sur l’hépatite E chez les populations humaine mais aussi animales dans le pays. En plus de caractériser les génotypes du virus de l’hépatite E chez les humains, elle a mis en lumière une séroprévalence élevée du virus au sien des deux populations suggérant une transmission inter-espèce du virus de l’hépatite E au Cameroun. Auteur de plusieurs publications durant sa thèse, Abdou Fatawou Modiyinji a soutenu cette dernière en juillet 2022. Il étudie maintenant les entérovirus en tant que chercheur post-doctorant au Centre Pasteur du Cameroun.

Certains pathogènes présentent des formes asymptomatiques qui complexifient l’étude de leurs dynamiques de transmission et de leurs déterminants. Des chercheurs du Pasteur Network basés à l’Institut Pasteur de la Guyane et à l’Institut Pasteur (Paris), en collaboration avec le Centre hospitalier de Cayenne, se sont intéressés à l’incidence atypique de la fièvre Q en Guyane. Leurs travaux, publiés dans The Lancet Regional Health – Americas, estiment des risques d’infection élevés dans la population générale. Ils mettent en évidence le rôle important des animaux d’élevage dans la transmission.  

La fièvre Q, une zoonose peu symptomatique 

La fièvre Q est une zoonose causée par la bactérie Coxiella burnetii, une bactérie qui infecte une majorité de mammifères sur la plupart du globe. Les ruminants, principale source de contamination humaine, peuvent excréter la bactérie dans les produits de mise bas, les déjections, les sécrétions vaginales et le lait. La transmission se fait principalement par voies aérienne et se manifeste, chez l’Homme, par des signes cliniques dans seulement 40% de cas. Ces derniers, s’ils sont présents, sont généralement pseudo-grippaux et non spécifiques mais peuvent parfois être associés à une pneumonie, une hépatite et plus rarement, à des symptômes plus sévères, en particulier chez des patients présentant des comorbidités.  60 % des contaminations rapportées mondialement sont identifiées lors d’épidémies centrées autour d’élevages ou d’abattoirs infectés par la bactérie.

La Guyane, un cas particulier

La population guyanaise présente l’incidence la plus élevée de fièvre Q au monde. 24% des cas de pneumonie communautaire en milieu hospitalier lui sont imputés.  Néanmoins, les risques classiques d’exposition (abattoir ou élevage à proximité) n’étaient pas retrouvés chez les cas diagnostiqués : la plupart des patients hospitalisés venaient de France métropolitaine et logeaient dans la zone urbanisée de Cayenne et sa banlieue. Aucun réservoir sauvage n’ayant été clairement identifié, les études précédentes ont considéré que la transmission par le bétail était improbable.

Le caractère atypique de sa transmission combiné à une forte proportion de cas asymptotiques a complexifié jusqu’ici la compréhension de l’épidémiologie et l’élucidation des déterminants associés à la fièvre Q en Guyane. Afin de mieux comprendre sa dynamique de transmission et d’orienter les stratégies d’intervention en santé publique, des chercheurs du Pasteur Network, et des infectiologues du Centre hospitalier de Cayenne, ont collaboré pour conduire une enquête sérologique auprès de 2 700 personnes représentatives des différentes communautés de Guyane.

Le cheptel domestique, vecteur de la maladie

Les auteurs ont modélisé les données sérologiques classées par âge afin de reconstituer l’historique de la circulation de la bactérie dans les différentes régions du territoire. Leurs résultats montrent une circulation constante de C. burnetii sur toute la Guyane avec un nombre annuel de cas estimé à 579. 9,6 % de la population testée avait déjà été infectée et en particulier des hommes d’âge moyen et les individus vivant à proximité d’élevage. L’analyse des données a permis d’identifier une épidémie qui serait survenue entre 1996 et 2003 dans les communes de Rémire et Matoury. Cette dernière, ayant infecté 10 % de la population, explique la grande proportion de personnes porteuses d’anticorps contre C. burnetii dans la zone urbaine de l’Ile de Cayenne.

Ce travail collaboratif a permis de modéliser pour la première fois la dynamique de transmission de la fièvre Q en Guyane. La mise en évidence du rôle des animaux d’élevage domestiques dans un contexte de transmission importante de la bactérie milite pour renforcer les activités de surveillance et de réduction des risques dans les élevages de Guyane et souligne l’intérêt d’une approche « One Health » alliant un volet humain, animal et environnemental.

Les enquêtes sérologiques, des outils primordiaux

Ce type d’enquête sérologique à grande échelle avait déjà été conduit au Bangladesh pour la dengue ou encore pour la maladie de Chagas en Colombie. Elle permet de d’étudier un large éventail de facteurs contribuant à la lutte contre les maladies tels que les schémas de circulation des pathogènes, les niveaux d’immunité lié à la vaccination ou à une infection antérieure ou les potentielles zones d’émergences. Cette approche multi-factorielle et au rapport coûts/avantages très positive (si l’on rapporte le coût des analyses à la masse des données brassées/résultats de sortie) représente un outil très précieux à promouvoir auprès des organismes et autorités de santé publique.

Il est proposé que cette méthodologie soit réutilisée par les membres du Pasteur Network dans le cadre d’une phase 3 du projet ECOMORE impliquant le Cambodge, Laos, Philippines et le Vietnam, en collaboration avec l’Institut Pasteur, à Paris pour lequel des financements sont encore recherchés. En effet, son utilisation permettrait d’améliorer la compréhension de l’historique de circulation d’une multitude de pathogènes (virus, bactérie et parasites), représentants un enjeu de Santé Publique pour ces pays, et de l’épidémiologie de leurs maladies associées afin de proposer des interventions adaptées aux autorités de ces pays.


Pour aller plus loin :

Transmission dynamics of Q fever in French Guiana: A population-based cross-sectional study
The Lancet Regional Health – Americas, octobre 2022.
Sarah Bailly, Nathanaël Hozé, Sylvie Bisser, Aurélien Zhu-Soubise, Camille Fritzell, Sandrine Fernandes-Pellerin, Adija Mbouangoro, Dominique Rousset, Félix Djossou, Simon Cauchemez, Claude Flamand‡*.
†, ‡Ces auteurs ont contribué à parts égales à ce travail.
* Auteur correspondant.
DOI : https://doi.org/10.1016/j.lana.2022.100385

Du 24 au 28 octobre, les scientifiques du Pasteur Network ont eu l’opportunité de promouvoir leurs résultats obtenus dans le cadre du projet ECOMORE 2, lors du 20e Congrès International de la Médecine Tropicale et du Paludisme (ICTMM en anglais) à Bangkok, en Thaïlande. L’événement a permis de mettre en avant plusieurs activités du projet portées par trois membres du Pasteur Network : l’Institut Pasteur du Cambodge, l’Institut Pasteur du Laos et l’Institut National d’Hygiène et d’Épidémiologie du Vietnam. La gestion des vecteurs de la dengue, un simulateur d’épidémie de dengue et la séroprévalence et distribution des sérovars de la leptospirose sont quelques exemples des sujets abordés.

Le 20e Congrès International de Médecine Tropicale et de Paludisme (ICTMM) s’est tenu du 24 au 28 octobre à Bangkok, en Thaïlande. Ce congrès de cinq jours a rassemblé les principaux acteurs du secteur pour faire le point sur les dernières nouvelles et les défis liés à la médecine tropicale, aux maladies infectieuses, aux maladies négligées, au paludisme et aux zoonoses. Lors de la cérémonie d’ouverture, le Professeur associé Pratap Singhasivanon, Président de l’ICTMM, a souligné que ce groupe de maladies touche toujours les populations les plus pauvres et les plus vulnérables. Alors que le changement climatique intensifie la hausse des températures et l’incidence de ces pathologies, il a souligné le besoin urgent d’améliorer les mesures préventives actuelles et d’investir davantage dans la lutte contre ces maladies. Plusieurs scientifiques du Pasteur Network impliqués dans le projet ECOMORE 2, qui vise notamment à évaluer l’impact du changement climatique sur la santé des populations locales, ont partagé leurs résultats lors de sessions plénières, de conférences thématiques, de symposiums, de présentations orales et de posters.

La gestion intégrée des vecteurs de la dengue

Le 25 octobre, le Dr Sébastien Boyer, chef de l’unité d’entomologie médicale de l’Institut Pasteur du Cambodge, membre du Pasteur Network, a été invité à exposer son travail dans la session “vecteurs, lutte antivectorielle et maladies vectorielles”. Il a présenté les résultats de la gestion intégrée des vecteurs de la dengue dans les écoles avec des approches entomologiques et épidémiologiques. Bien qu’une diminution de la densité du principal vecteur du virus de la dengue, Aedes aegypti, ait été observée, et que les toilettes aient été détectées comme les principaux sites de reproduction dans les écoles, la lutte intégrée contre les vecteurs n’a pas diminué la transmission de la dengue dans ces lieux et dans les communautés environnantes. Cela pourrait s’expliquer par le fait que les ménages sont généralement le principal foyer de transmission.

 La conception du simulateur d’épidémie de dengue

Le lendemain, Damien Philippon, représentant l’Institut Pasteur du Laos, a eu l’occasion, lors de la session “épidémiologie et dynamique de transmission de la dengue”, d’expliquer les méthodes de conception du simulateur d’épidémie de dengue, un outil de prédiction de l’incidence de la dengue dans la préfecture de Vientiane. Diverses données (SIG, épidémiologiques, de mobilité, météorologiques, de recensement et d’occupation des sols) ont été agrégées en données hebdomadaires comme entrée du modèle. Bien que le modèle soit complexe car les jeux de données disponibles ne couvrent pas les mêmes périodes et ne se chevauchent pas, sa précision permet de prédire l’absence ou la présence de la dengue. Pour l’instant, il ne concerne pas l’incidence. Dans un futur proche, des ajustements du modèle pourraient être effectués pour augmenter sa précision.

La séroprévalence et la distribution des sérovars de la leptospirose

Le professeur Le Thi Phuong Mai, responsable de la santé publique à l’Institut National d’Hygiène et d’Épidémiologie, l’un des trois membres du Pasteur Network au Vietnam, a présenté sous forme de poster les résultats de l’étude multicentrique sur la séroprévalence et la distribution sérologique de la leptospirose chez les personnes en bonne santé au Vietnam. 600 personnes au total ont été impliquées, de Thai Bing (au nord), Ha Tinh (au centre) et Can Tho (au sud) en 2019 pour être testées. Un taux relativement élevé de séropositivité aux leptospires a été signalé dans cette population générale, la plupart des personnes séropositives étant des agriculteurs. De plus, les quatre sérovars prédominants en circulation étaient Hebdomadis, Pomona, Saxkoebing et Panama. Il a été recommandé d’initier un programme de promotion de la santé et des formations à l’utilisation d’équipements de protection individuelle, parmi les agriculteurs, afin de réduire le risque d’infection.

Dans l’ensemble, ce congrès, qui a lieu tous les quatre ans, s’est avéré être une vitrine régionale parfaite pour mettre en évidence les résultats des scientifiques du Pasteur Network consacrés à ECOMORE 2.


Pour aller plus loin :

L’article publié sur le site d’ECOMORE : https://ecomore.org/2022/11/14/ecomore-2-results-promoted-at-the-20th-ictmm-congress/
L’article publié sur le site de l’Institut Pasteur du Cambodge : https://www.pasteur-kh.org/2022/11/04/20th-international-congress-for-tropical-medicine-and-malaria-held-in-bangkok-from-24-to-28-october-2022/

Le virus du monkeypox (MPXV) est un pathogène tropical négligé dont l’émergence récente a accéléré l’étude. Dans ce contexte, les chercheurs du Pasteur Network ont mis au point des tests de diagnostic rapide du MPXV qui peuvent être visualisés à l’œil nu en moins de 30 minutes, et qui sont aussi cohérents que le test d’acide nucléique basé sur la PCR actuellement utilisé pour le diagnostic du MPXV. Ce nouvel outil de diagnostic contribuera au contrôle et à la prévention des épidémies de MPXV.

En mai 2022, des épidémies de virus du monkeypox (MPXV) ont été signalées simultanément en Europe, en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, en dehors des régions d’endémie du virus en Afrique. Les chercheurs du Pasteur Network ont collaboré pour développer et valider des tests de détection rapide du MPXV. Ces tests nouvellement conçus peuvent produire des résultats fiables par fluorescence ou par flux latéral sur une bandelette en 20 à 30 minutes. Menée par les équipes d’Emmanuel Nakouné (Institut Pasteur de Bangui) et de Nicolas Berthet et Gary Wong (Institut Pasteur de Shanghai), l’étude présentant les résultats de ces tests de diagnostic rapide a été publiée dans la revue Viruses.

Les tests sont basés sur l’amplification isotherme d’une région ciblée du génome du virus, et sont basés sur la recombinase avec ou sans CRISPR/Cas12. Les tests ont donné des résultats cohérents avec le test moléculaire de référence, la PCR en temps réel, pour les 19 échantillons cliniques utilisés pour valider le test. En outre, les tests étaient spécifiques et ne présentaient pas de réaction croisée avec d’autres poxvirus, tels que le virus de la vaccine.

Le MPXV, un pathogène tropical négligé, est étroitement lié à la variole, une maladie qui a été éradiquée chez l’homme depuis les années 1980. Bien que des épidémies de MPXV soient régulièrement signalées en Afrique parmi les communautés les plus pauvres, la maladie reste peu étudiée, même après que la première épidémie de MPXV a été signalée en dehors de la zone d’endémie aux États-Unis en 2003. La détection rapide, sensible et spécifique du MPXV est essentielle pour informer les autorités sanitaires des cas suspects le plus rapidement possible, afin de suivre l’évolution des épidémies. Ces résultats fournissent donc une plateforme de point de soins pour le diagnostic précoce des cas potentiels de MPXV, et contribueront à la prévention et au contrôle des épidémies actuelles et futures de MPXV.


Pour aller plus loin :
Article de l’Institut Pasteur de Bangui
Développement et caractérisation de tests d’amplification isothermes basés sur la recombinase (RPA/RAA) pour la détection rapide du virus Monkeypox
Viruses, Septembre 2022.
Lingjing Mao, Jiaxu Ying, Benjamin Selekon, Ella Gonofio, Xiaoxia Wang, Emmanuel Nakoune, Gary Wong*, Nicolas Berthet*
* Auteurs correspondants.
https://doi.org/10.3390/v14102112.